Devenir Photographe : Une question de matériel, de persévérance et de confiance en soi.
Avez-vous déjà eu l'impression d'avoir perdu votre chemin? Lorsque vous rencontrez des obstacles, des revers et des impasses, avez-vous parfois l'impression de vous être trompé de voie? Pour moi, le cheminement de carrière créatif est une montagne russe. Il y a tellement de hauts et de bas émotionnels et cela peut être épuisant et décourageant.
Dans cet article, je souhaite partager avec vous mon parcours.
Etre un artiste ou un créatif est assez vague en terme de points de repère qui indiqueraient que vous êtes sur le bonne voie.
Dès que le doute s’installe sur votre projet créatif, dès que vous faites face à un problème inattendu ou que votre regard critique sur vos oeuvres est trop sévère, vous avez tout de suite tendance à vous dire “je me suis trompé de voie”. Je vous rassure je suis aussi passée par là.
En 2010 je me mets en tête de devenir photographe. A cette époque je travaille dans la restauration haut de gamme à Paris. Je pars vivre à Londres et par un heureux hasard (l’univers est plein de surprises) je suis repérée par une bookeuse pour participer, en tant que modèle amateur, à une campagne de pub pour une marque de prêt à porter. C’est avec ce chèque (1500 pound) que je parviens à m’acheter mon premier appareil photo (que j’ai encore et que j’utilise en vacances quand je ne veux pas risquer d’abîmer mon appareil pro). Sans cet heureux hasard qui sait combien de temps il m’aura fallu pour investir dans mon projet.
Appareil Photo nikon D5600 + objectif 18/55 à l’époque 899 euros le pack.
En 2012/2013 je suis ce qu’on appelle un photographe amateur. Je m’entraine sur mes amis et leurs enfants, la rue, mes vacances, j’expérimente lightroom et photoshop en version gratuite, je commence doucement à construire mon portfolio mais je n’arrive pas à passer le cap de chercher des clients. Je suis tétanisée à l’idée de fixer une grille tarifaire et de demander de l’argent pour mes photos (je réaliserai plus tard que si je ne demandais pas d’argent c’est tout simplement que ce n’était pas le bon moment : timing is everything et il faut savoir ne pas se précipiter).
En 2014 j’habite à Melbourne. Je décide de suivre un cursus d’un an en photo. Je m’inscris à Melbourne Polytechnic en 2015 et valide mon diplôme de photographe pro en juin 2016.
C’est au cours de cette année que je découvre la photographie et le stylisme culinaire. J’ai un gros coup de coeur mais cela ne deviendra ma niche que quelques années plus tard.
Je suis les conseils avisés de mes professeurs et j’investis dans :
Un objectif : On pense souvent à tort que le boitier est la partie la plus importante d’un appareil photo. Or c’est l’objectif qui vous permet de jouer avec la lumière. Jusqu’à ce que mes profs m’en dissuade je voulais à tout prix m’acheter un appareil pro. Puis on m’a expliqué que quitte à investir, autant commencer par un objectif qui ouvre à 2.8 voire 1.4 (cela permet de jouer avec la profondeur de champs et de créer de jolis bokeh, si chers à la photo de portrait, culinaire et macro)
Je choisis Tamron 24/70 2.8 (acheté en 2015 pour 900 AUD)
un trépied INDISPENSABLE pour progresser en photo. Il permet stabilité en toute circonstance (de ralentir votre vitesse d’obturation en condition lumineuse pas optimales sans avoir de flou par exemple).
un flash car à l’époque je propose des prestations dans l’événementiel (shooter en intérieur en soirée mieux vaut être équipé). Très utile également pour shooter sa food ou du portrait à condition de savoir comment bien l’utiliser.
En 2015 je valide mon diplôme et je trouve mes premiers clients (photos famille, restaurants, événementielle) Entre le moment ou j’ai songé à devenir photographe (2010), le moment où je suis passée à l’action et la signature de mon premier devis, 5 années auront passé. Pendant ces 5 ans il y aura eu beaucoup de doutes, de remises en question, j’ai parfois laissé mon appareil dans un coin pendant plusieurs mois démotivée et blasée. Puis j’y revenais. Plus déterminée que jamais.
En 2017 je rentre à Paris et je continue à shooter avec mon premier appareil.
J’ai acheté mon reflex full frame seulement en 2018.
Nikon D750
Oui on peut avoir des clients sans avoir un appareil à 2000 euros! La photographie c’est le photographe qui la créer. Votre créativité. Votre technique. Votre capacité à comprendre la lumière. Votre patte artistique. Votre workflow de retouche. Votre oeil. L’outil c’est vous avant tout.
Ne vous laissez pas atteindre par la petite voix qui dit “tu n’as pas le bon matos”. Par exemple pendant longtemps je me pointais avec des larges feuilles de papier blanc ou un rouleau de sulfurisé en guise de diffuseur. Depuis j’ai un diffuseur profoto mais honnêtement il sert plus à paraitre pro devant mes clients qu’autre chose. Le rendu est le même avec une feuille de papier.
Nous sommes en 2021 et cela fait seulement 3 ans que je suis photographe pro full time (c’est à dire sans petit boulots l’été, sans périodes sans contrats trop longues) je tiens à être transparente ici car nombreux sont ceux sur la toile qui vous feront miroiter que c’est facile et magique tout les jours. NON! Devenir photographe c’est long. Tout comme devenir entrepreneur et créer son projet pro à son image. Il faut comprendre que rien n’arrive tout cuit. Pour moi il aura fallu faire preuve de patience et de persévérance!
Pour les jours de doutes, octroyez vous des petites actions bienveillantes; comme plongez votre main dans le bol de guidance :-)